Le port de Liverpool, ancien symbole de la misère industrielle de Liverpool est devenu aujourd’hui l’épicentre du renouveau culturel de la ville.
Jadis prospère, grâce à l’esclavage et au commerce avec les colonies, il a périclité dans les années 1980. Aujourd’hui, on ne trouve plus de navires dans l’estuaire de la Mersey mais les docks sont devenus le symbole du « Liverpool European Capitale of Culture 2008 ».
La naissance des docks et sa renommé mondiale.
Les docks de Liverpool furent les premiers du monde (1846) à être construit uniquement en matière incombustible – briques, granit et fonte creuse remplie d’eau.
Construit entre 1841 et 1848, l’Albert Dock, formé par un groupe d’entrepôts rassemblés autour d’un bassin de 3 hectares fut l’un des premiers exemples au monde de quai en construction fermée.
C’est au 18e siècle que naît la prospérité légendaire de Liverpool : grâce à son port, la ville devient la capitale mondiale de l’infâme commerce triangulaire qui consiste à échanger des esclaves contre des denrées alimentaires et des matières premières.
Alors que Londres faisait face à la Peste Noire et au Grand Incendie, le pays avait besoin d’un nouveau port de déchargement pour ses marchandises.
Liverpool fut le choix évident, en particulier à cause de sa proximité avec les Amériques.
De nombreux marchands londoniens vinrent s’installer à Liverpool, développant ainsi le commerce de la ville.
Plusieurs de ces marchands possédaient des plantations aux Etats-Unis.
Ils développèrent le trafic triangulaire avec l’ouest de l’Afrique où ils échangeaient leurs cargaisons contre des esclaves qu’ils exportaient ensuite vers le Nouveau Monde, pour les faire travailler dans leurs plantations de tabac, de sucre ou de coton.
On construisit la Bourse de coton à Liverpool ainsi que de nombreuses entreprises de tabac.
Dans le même temps, les quais furent agrandis : on construisit le King’s Dock, le Queen’s Dock, le George’s Dock et le Salthouse Dock.
Clé de voûte du pouvoir maritime de la Couronne britannique pendant deux siècles, le port a donc bâti sa puissance sur l’esclavage, le commerce et l’émigration.
Au temps de la Révolution industrielle, Liverpool jouit du statut envié de grande porte maritime de la Grande-Bretagne sur l’Empire colonial et le Nouveau monde.
Au début du XIXe siècle, 40% du commerce maritime mondial passait par Liverpool.
À ce titre, le port accueillit des navires aussi prestigieux et légendaires que le Baltic, le Lusitania ou le Tayleur dont l’échouage lors de son voyage inaugural dans la baie de Dublin en 1854 préfigura la catastrophe du Titanic.
Le 19ème siècle vit un grand nombre de personnes quitter Liverpool pour le continent américain.
Pour répondre aux besoins, la compagnie maritime, Black Line, organisa jusqu’à deux trajets par mois entre Liverpool et New-York, développant ainsi l’importance du port.
Les émigrants n’étaient pas uniquement des anglais, il y avait aussi des chinois qui passaient par Liverpool pour rejoindre les Etats-Unis.
A cette époque, il y eut aussi beaucoup d’immigrants Irlandais qui s’installèrent à Liverpool pour fuir la famine qui sévissait en Irlande.
Le port devint alors le point de rencontre de plusieurs origines, conférant à la ville un brassage ethnique, encore observable de nos jours.
Liverpool atteint son apogée au début du 20e siècle : les docks emploient alors plus de 20 000 personnes.
Lorsque la capitale de la Mersey était au faîte de sa puissance, on y comptait plus de 60 docks, s’étalant sur plus de 10 kilomètres !!!
Autres données brutes qui rendent compte de la puissance et du développement fulgurant de la ville : entre 1835 et 1870, le tonnage enregistré dans le port de Liverpool passa de 1,8 million de tonnes à 5,7 millions de tonnes.
A la fin du XIXe siècle, alors que le déclin de la cité s’était déjà amorcé, 1/3 des marchandises britanniques, soit un 1/7e des marchandises du commerce mondial provenait du port de Liverpool.
La compagnie Mersey Docks and Harbour Company totalisait 166kms de lignes de chemins de fer, avec des connections avec plusieurs autres lignes.
Une ligne de chemins de fer traversait même les docks le long de la Mersey et qui était en relation avec les autres lignes. A la fin de la première guerre mondiale, en 1918, l’activité du port diminua de moitié.
La vie sur les docks.
Les habitants des docks vivaient dans des bâtiments à l’insalubrité notoire.
Les quartiers des docks étaient parmi les plus surpeuplés et les plus insalubres de Grande-Bretagne.
A en croire plusieurs enquêteurs dépêchés là-bas en 1883, pour une étude au titre évocateur : Squalid Liverpool ce qui veut dire littéralement « crasseux Liverpool », sur la population du taudis irlandais de Scotland Road, il s’agissait là de « la densité la plus forte du monde civilisé ».
Les auteurs du rapport indiquèrent en outre qu’à Scotland Road « survit une population qui constitue un peuple à part entière ».
Scotland Road est dépourvue de forces de police. Toujours selon ce rapport, « il arrive que les rues soient bloquées pour empêcher l’entrée de la police. C’est alors qu’une violence inouïe se déchaîne ». Les maladies étaient très fréquentes. Le prêtre incarne une figure centrale des quartiers catholiques des docks. Eux aussi succombent parfois aux maladies, la plupart du typhus. Le quartier des docks était considéré comme un quartier de sauvages.
Les habitants de Bootle étaient comparés à des païens chinois car des quartiers entiers de Liverpool étaient « infestés comme ces villes d’Inde ou le choléra fait rage ». Un certain Dr Duncan comparait les logements près des docks aux pires taudis de Calcutta.
Le déclin.
Dans les années 1960, le développement du transport par conteneur a tué l’activité des docks et plongé la ville dans une longue période de crise, notamment sous le gouvernement Thatcher.
Les docks étaient devenus le symbole de la misère industrielle. Séparés du reste de la ville par une voie rapide à quatre voix, les quais et les docks furent longtemps laissés à l’abandon.
Le renouveau.
Les docks sont devenus aujourd’hui la principale attraction de la ville.
Depuis 2004, le port marchand et la ville de Liverpool sont inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO.
Avec ce titre prestigieux, Liverpool rejoint d’autres sites d’une importance culturelle capitale tels que la Grande muraille de Chine et les Pyramides de Guizèh. L’Albert Dock est l’attraction touristique la plus visitée de Liverpool exposant le meilleur de la ville à travers un front de mer époustouflant, avec le plus grand ensemble de bâtiments classés monuments historiques du Royaume-Uni.
Liverpool est une ville de contrastes harmonieusement mêlés, une rencontre entre l’ancien et l’innovation, la subtilité et l’audace.
Liverpool a un patrimoine maritime fort et l’aménagement de ses docks raconte cette histoire.
L’Albert Dock représente bien ce mélange de tradition et de modernité et rassemble quelques-unes des grandes icônes qui confèrent à la ville son identité.
On peut y découvrir notamment la Tate Liverpool (musée d’art moderne), le musée Beatles Story, le Merseyside Maritime Museum et l’HM Customs & Excise Museum.
Le musée national des douanes et des impôts retrace l’histoire de la contrebande.
Le musée possède la collection nationale du Ministère des douanes et des impôts, l’une des plus importantes collections de ce type dans le monde.
On y trouve également le Musée International de l’Esclavage ouvert en août 2007, à l’occasion de l’anniversaire de l’abolition en 1807 du commerce de l’esclavage au Royaume-Uni.
En 2010, le nouveau Museum of Liverpool (fermé depuis juin 2006) ré-ouvrira également ses portes sur le front de mer.
De nombreux bars et restaurants aux décors de style ainsi qu’une série de petites boutiques offrant toute une gamme de cadeaux et de souvenirs.
L’Albert Dock constitue une source de divertissement au cœur d’un site magnifique et historique.
L’Arena et Convention Centre Liverpool, salle de concert, s’est également construit à côté des docks, et avec le nouveau Bateau de croisière, l’ouverture du canal Leeds-Liverpool et le développement du centre commercial Liverpool One, l’Albert Dock est vraiment au centre de tout ce renouveau.
LFC Matt
Plus d’informations à venir !
Merci pour votre implication et support,
L’équipe Liverpool France
YNWA