Derby Day à Liverpool.
9h30, le soleil inonde déjà abondement ma chambre d’hôtel de Matthew Street. Dans quelques heures, Liverpool affronte Manchester United dans son stade à Anfield, la tension monte.
Ce matin les rues du City Center sont boudées par les Scousers. Seuls quelques sexagénaires font leurs courses, les autres sont encore probablement occupés à souffler après la soirée du samedi soir.
Aux alentours d’Anfield la pression monte progressivement, les choses se mettent en place mais il est encore tôt. Ma montre affiche 10H30, le temps d’aller chez Linda’s prendre un bon « traditional breakfast » histoire d’éponger, de prendre des forces, d’éponger, de manger un minimum ce dimanche, d’éponger.
La pression monte, les fans de Liverpool la descendent tout autant que le soleil brille. Les trottoirs se peuplent de fans venus de la ville toute entière, du pays tout entier, de l’Europe toute entière, du monde entier. Des fans venus de Suisse et de Malaisie font des photos devant la statue de Bill Shankly le sourire à la bouche. Sur les trottoirs les vendeurs Scousers de fanzines locaux se fâchent contre les « touristes » qui achètent des « half-scarf » Liverpool – Manchester. Faut être un sacré fion pour acheter ça. Les bières coulent toujours tout autant. Les abords de la statue de Shankly se peuplent de membres de la French Branch, la distributions des précieuses places va commencer. Aujourd’hui 37 membres chanceux sont au stade, une belle affluence.
L’entrée dans le stade est toujours un moment d’émotion particulier, les écrans des coursives d’Anfield crachent les images de SkySports qui du bord de la pelouse dévoile les compositions d’équipes. Il est 12H30 et on sait que Steven Gerrard va débuter sur le banc. Le capitaine ne jouera donc pas les 90 minutes de son dernier «Derby of England ». La pression monte et évidemment dans les bars sous les tribunes, les fans de Liverpool eux la descendent. C’est encore comme ça qu’elle se supporte le mieux.
Le match va débuter dans quelques minutes, les tribunes se garnissent, les premiers chants se font entendre.
Nous y sommes, les joueurs font leur apparitions sur la pelouse, le protocole de la Premier League est joué dans les sonos du stade avant qu’il ne laisse place au célèbre « You’ll never walk alone » reprit en cœur par un stade tout entier. Premiers frissons.
Le match débute, Liverpool semble abandonner le cuir à Manchester. La pression, l’enthousiasme, l’ivresse de l’avant match laisse place au doute. Pourquoi depuis les tribunes, les joueurs semblent ainsi si fébriles et attentistes ? Du doute à l’agacement il n’y a qu’un pas, une passe dans le dos de la défense et un but de Juan Mata. Liverpool est totalement dominé, perdu face à l’engagement de United. Jones « bouscule » Lallana en toute impunité, on ne sait pas pourquoi mais le match pourrait être long pour les joueurs de Rodgers. Encore plus long quand le même Lallana quelques minutes plus tard seul face à De Gea manque la cible quand tout le peuple rouge a lui, cru au but.
Finalement à la pause Liverpool est presque chanceux de compter un but de retard seulement, mais frustré d’avoir manqué sa seule et unique occasion. C’est aussi l’occasion de voir Pelé la légende brésilienne est là pour faire un peu de promo pour ses associations, pour parler en bien de Coutinho, pour faire quelques grigri et nous dire que l’ambiance est formidable. Il a du régler le sonotone trop fort Edson Arantes, les tribunes ont du manger trop gras ce matin, car Juan Mata a climatisé le stade en ouvrant le score.
On se demande même franchement au vue de cette première mi-temps si les joueurs et Anfield ont vraiment envie d’être ici. Tout le monde dort, personne ne met le feu au match.
Les joueurs reviennent, Gerrard entre en premier sur la pelouse. Le coup d’envoi est donné, le « Captain » nous régale avec 2 transversales, un tacle rageur, un second … En quelques secondes et trois ballons disputés il a donné plus que Allen et Henderson réunis sur la première période. Trop sans doute. On voulait marcher sur Manchester, peut-être pas au premier degré. Steven n’aura pas disputer les 90 minutes de son dernier derby, non. Il n’en aura pas disputé 1 seule en entier. Appel contre appel vers le vestiaire, la légende vivante du LFC retourne bredouille au vestiaire après son entrée en jeu 41 secondes plus tôt. On est dans la merde, même lui nous abandonne dans la bataille.
Manchester laisse alors le ballon aux Reds qui se jettent dans la gueule du loup. A 10 on va laisser des espaces derrière. Bingo. Juan Mata récidive. On ne sait pas ce qu’on mangé nos Scousers au petit déjeuner mais Mata lui a dû manger du JPP. La volée est parfaite, somptueuse. Liverpool n’est pas KO mais pose sérieusement le genou à terre. Pas KO mais presque quand quelques minutes plus tard Di Maria s’échappe pour servir seul dans la surface l’ex chauve désormais roux … Wayne Rooney. L’argentin sert mal l’Anglais, on n’est pas passé loin de la catastrophe.
Liverpool reprend les choses en main, sur une action menée par Coutinho, Sturridge place la première frappe cadrée des Reds cette après-midi. 1-2 il reste 20 minutes à jouer, tout est possible se dit-on alors.
Rodgers pousse les siens, Henderson récupère un de ses rare ballons hauts et prend Blind et Jones de vitesse quand ce dernier sèche le nouveau « Captain » un peu par derrière, un peu sur le côté, les deux pieds décollés. Après avoir échappé à la biscotte pour son tampon sur Lallana en première mi-temps on se dit que le défenseur mancunien va aller retrouver Gerrard en backstage pour discuter de la pluie mais surtout du beau temps qui inonde Liverpool aujourd’hui. Mais non, toujours pas, jaune seulement. Le stade gronde, se réveille, pousse ses idoles. Liverpool joue toujours haut mais balbutie de nouveau son football. Can perd le ballon et commet l’irréparable dans la surface on entre dans les arrêts de jeu. Mignolet s’offre une parade sur un péno du « Blue-nose » de Manchester. On en reste là. Liverpool s’incline une seconde fois cette saison face à son pire ennemi et voit la 4eme place s’éloigner. Les rêves de Ligue de Champions ne sont certes pas morts à Anfield aujourd’hui mais le Liverbird bat sérieusement de l’aile. Il faudra faire fort pour revenir dans la course et doubler notre adversaire du jour, sans Gerrard qui sera suspendu et à qu’il il restera très peu de matchs à disputer sous son maillot de toujours.
Les rares satisfactions du jour resteront les copains avec qui ont passe toujours des bons moments, la bière fraîche des bords de la Mersey et le soleil qui nous a offert lui une belle après-midi. Sakho a été bon et solide, il a joué partout, mon avis est qu’il ferait un bon capitaine dans les années à venir, dès l’an prochain même. Le défenseur français Man of the Match a largement surnagé dans la tempête subie par les Reds. MOTM dans une rencontre illuminée par Mata, c’est l’arbre qui cache la forêt, mais Mamad a fait plus que son boulot et est le seul suivi par Mignolet a être venu saluer le KOP et les fans un bon moment. Salué par le stade et en dehors, il est le seul a ne pas avoir subit les quolibets des scousers franchement agacés au coup de sifflet final. Il se forge une solide réputation de gagneur et de mec fiable sur les bords de la Mersey, le genre de gars sur qui tu peux compter, tout le temps.
Il est l’heure de rentrer à Paris pour retrouver une vie normale, plus calme que Matthew Street, moins arrosée que les soirées liverpuldiennes. On rentre déçus mais pas abattus, on reviendra ses promis et puis, on s’en fou, aujourd’hui dimanche 22 Mars, on a vu Pelé putain.
Julien Gres
Membre Liverpool France
YNWA