L’histoire d’amour entre Steven Gerrard et Liverpool a pris une nouvelle tournure à l’issue de la saison dernière. Celui qui a porté le maillot rouge pendant plus de 17 années est en effet parti vers de nouveaux horizons faire chavirer de bonheur de nouvelles âmes en quête de football plaisir. Retour sur la carrière du Captain sous le maillot de Liverpool en 8 dates marquantes.
29 novembre 1998 : La naissance d’une idole
Cette date marque les premiers instants du gamin de Whiston dans la cour des grands. Pour le compte de la 15ème journée de PL, Liverpool affronte Blackburn, alors lanterne rouge du championnat. Logiquement, Liverpool saura se débarrasser de son adversaire du jour, après que Paul Ince puis Michael Owen n’inscrivent quasi coup-sur-coup (30’ et 33’) des buts venant anéantir les espoirs de Blackburn. Dans les arrêts de jeu et la victoire assurée, c’est alors le moment que choisi le boss Gérard Houllier pour offrir du temps de jeu à un gamin issu du centre de formation, représentant le club et son avenir. Dans un maillot trop large et floqué du numéro 28, un adjoint vient lui donner une tape dans la nuque afin de rassurer le gamin, avant qu’il ne se dirige lentement vers le 4ème arbitre, tête basse. Un dernier regard vers le banc et son entraîneur et le voilà lancé sur la pelouse d’Anfield, en remplacement du latéral droit Vegard Heggem. Devant 41753 spectateurs, une légende est née.
27 septembre 1999 : Sa première biscotte
Steven Gerrard enchaîne sa deuxième année en professionnel. Pour celle-ci, le jeune homme compte faire mieux que l’an passé et ses 12 apparitions sur le terrain. Il s’entretient alors avec Houllier qui lui promet de faire partie des titulaires aux côtés de Jamie Redknapp au milieu de terrain. Le technicien français vient même jusqu’à lui promettre 20 matchs. Mais quand vient le derby de la Mersey et que le jeune scouser voit sa place de titulaire volée au détriment de Dietmar Hamann, Steven ne saura contenir son mécontentement. D’autant que le colosse Kevin Campbell ouvre le score pour les Toffees après seulement 4 minutes de jeu sur la pelouse d’Anfield. Gerrard fera finalement son apparition dans la rencontre en seconde période. Mais, alors que le score n’a pas évolué et que l’on rentre dans le temps additionnel, Gerrard voit rouge après avoir jeté ses crampons dans l’estomac de Campbell. M. Riley n’hésite pas et renvoie pour la 3ème fois de la rencontre un joueur au vestiaire. Gerrard s’exécute sans broncher et voit des vestiaires ce derby filer dans les mains de l’ennemi (0-1). « J’avais réservé un repas à Albert Dock pour l’après-match, en pensant que nous allions gagner », dira plus tard Stevie. Il n’aura finalement eu qu’un gros mal de ventre après cette défaite, qui reste à ce jour la dernière de Liverpool face à son éternel rival, à Anfield.
5 décembre 1999 : Le premier d’une longue liste de 119
Peu de temps après son expulsion dans le derby de la Mersey et ses 3 matchs de suspension en conséquence, Steven Gerrard revient plus fort. Le numéro 28 a en effet eu le temps de réfléchir sur son mauvais comportement dont l’équipe à pâti. Et deux mois plus tard environ, il inscrira son tout premier but en professionnel. Pour le compte de la 17ème journée de championnat, Liverpool reçoit Sheffield Wednesday. Une rencontre qui se termine sur le score fleuve de 4-1 et à la saveur de la jeunesse liverpuldienne avec des buts de Danny Murphy, David Thompson et Steven Gerrard, tous trois nés dans les alentours de la Mersey. Au cours de cette affiche, Stevie compense l’absence de Jamie Redknapp en reprenant son rôle de playmaker. A la 69ème minute de jeu, SG28 reçoit un ballon de Rigobert Song à 40 mètres des buts adverses et se lance dans une chevauchée fantastique, dribble Emerson Thome, Des Walker et enchaîne avec une frappe petit filet opposé ne laissant aucune chance au keeper adverse. Ric George dira de lui après cette rencontre que « Gerrard est un talent fantastique, un jeune dur comme Nobby Stiles et au style de Graeme Souness. Il n’aurait pas pu choisir meilleur façon de marquer son tout premier but ».
29 avril 2001 : La reconnaissance par les pairs
L’année 2001 restera comme étant une véritable consécration pour Liverpool. Le club termine en effet la saison avec un total de 5 trophées dans la poche dont une coupe UEFA remportée au dépend du Deportivo Alavés (5-4 a.p). Dans le même temps, les Reds reçoivent pléthore de récompense individuelle : Michael Owen se voit attribuer le Ballon d’Or devant Raul et Oliver Kahn, faisant de lui le premier et unique joueur de Liverpool à recevoir ce trophée. Quelques temps auparavant, c’est Steven Gerrard, alors en concurrence avec Emile Heskey, Joe Cole, Alan Smith, Wes Brown et Michael Carrick. qui se voit remettre le prix du meilleur jeune joueur d’Angleterre. Il succède ainsi à Harry Kewell, futur numéro 7 de Liverpool en 2003. Ce sacre individuel se confirmera dans l’avenir avec le palmarès que l’on connaît tous et les éloges reçues tout au long de son immense carrière, comme celle de Zidane, l’estimant avoir été « le meilleur milieu de terrain du monde ». Si Zidane l’a dit …
15 octobre 2003 : Le brassard de capitaine
Cette date marque le début d’une nouvelle ère au sein du club : celle de la prise de brassard par Steven Gerrard devenant en conséquence le leader de terrain des Reds de Liverpool. Précédemment porté par le finnois Samy Hyypia, Gérard Houllier décide de donner un nouvel élan au club et de voir sur le long terme.« Stevie dirigera l’équipe contre Ljubljana ainsi que dans les années à venir » dira le coach en prélude d’un match européen. « Cette décision n’est pas contre Samy qui a été bon en nous décrochant 6 trophées dans son rôle. Mais je dois prendre en compte toutes les situations envisageables. Stevie a du leadership, que j’ai pu découvrir très tôt. Maintenant qu’il a atteint un stade de maturité, il est prêt ». Houllier rajoute qu’Hyypia commençait à souffrir de ce poids de capitaine après avoir subit une baisse de forme en cours de la saison. Depuis ce jour, Steven n’a jamais quitté le brassard de capitaine qui, il faut le reconnaître, lui seyait comme un gant.
25 mai 2005 : Gerrard au sommet de l’Europe
Voici le premier trophée -et pas des moindres- soulevé par Steven Gerrard en tant que capitaine de son équipe. Et dans un contexte aussi incroyable que spectaculaire. Cette saison 2005, Liverpool atteint la finale de la Ligue des Champions, alors que le club était à deux doigts de quitter cette compétition en phase de poule. La cause : une différence de but particulière défavorable. Heureusement, Gerrard revenait de blessure à temps pour offrir une qualification in-extremis à quelques instants de la fin du match. « What a hit son ! What a hit ! » s’écriait même le commentateur à la télévision anglaise. Quand on connaît la suite de l’histoire, ces paroles prennent encore plus de sens. En finale face au Grand Milan et malmené toute la première mi-temps (3-0), Liverpool réinvente le retournement de situation en revenant à hauteur de son adversaire du soir en moins de 7 minutes. Gerrard créera d’abord la révolte en inscrivant d’une tête rageuse le premier pétard de son équipe, avant que Smicer, puis Xabi Alonso ne l’imite. Liverpool remportera finalement le match aux penalties et inscrira une 5ème étoile à son richissime palmarès européen, devenant ainsi le 3ème plus grand club européen. Capitaine Courage.
5 juillet 2005 : Un départ avorté à Chelsea
En ce jour de 5 juillet, un bon mois après sa consécration européenne, Steven Gerrard rejette une offre de prolongation émanant de son club et atteignant les 100,000£ par semaine. Cette situation intervient après que le club ait refusé une offre de 32M£ en provenance de Chelsea. Le club annonce alors : « Steven nous a dit qu’il n’acceptera notre offre et ne prolongera pas. Il veut partir ». De son côté, Gerrard rajoute qu’ « il a toujours souhaité signer un nouveau contrat, encore plus après la victoire en Coupe d’Europe, mais que les événements intervenus ces derniers temps l’ont fait changer d’avis ». En cas d’offre acceptée de la part des Reds, ce transfert aurait fait du numéro 8 le joueur britannique le plus cher de l’Histoire devant Rio Ferdinand en 2002 et ses 29.1M£ de Leeds en direction de Manchester United. Quelques jours plus tard, Gerrard retourne sa veste expliquant qu’il a de la peine à ne pas s’engager avec Chelsea, mais qu’il en aurait encore plus à quitter Liverpool. Il évoque également le comportement des supporters à Istanbul : « comment peut-on quitter le club après ça? ».
3 janvier 2015 : Le rêve américain
Ce samedi 3 janvier 2015, Steven Gerrard l’annonce officiellement. Il ne s’agit pas d’un relent de gueule de bois du réveillon du jour de l’an, mais bien d’une réalité : le Captain Fantastic, le one-man-club quittera Liverpool à l’issue de la saison pour tenter l’aventure américaine du côté de Los Angeles. Une interview émotion face aux caméras du club où Stevie expliquera les raisons de son choix et l’amour qu’il porte pour ce club qui le connaît tout autant que le club le connaît. Une relation d’échange et emplie de bonheur qui s’arrêtera donc brusquement en mai 2015. « J’ai d’abord réfléchi à ce qui était le mieux pour ma famille, mais j’ai également pensé au club et à moi-même. J’ai dû faire un choix et penser à ce qui est le mieux pour chacun d’entre nous. J’aurai 35 ans cet été. Je suis ici depuis très longtemps, puisque j’ai foulé les pelouses d’entraînement de Melwood dès l’âge de 8 ans. J’ai toujours su que ce moment arriverait et que cela serait un moment très émouvant. Nous y voilà. » Gerrard rendra également un vivant hommage à ses supporters : « Ici, les gens qui comptent sont les supporters. Ils sont la clé dans n’importe quel club de football. j’ai eu beaucoup de chance de jouer devant l’un des meilleurs public du monde ». La fin d’une belle aventure longue de 17 ans. See you soon Captain.
Bruno Pessiot